nouveau souffle wallon d'un vent citoyen

lesoir 8 avril 2008
« Emission zéros ! », le nouveau souffle wallon d’un vent citoyen

Posé sur une table, un cochon argenté intrigue la petite assemblée réunie dans l’ancienne école de Mesnil l’Église. Maître de cérémonie, Bernard Delville, cheville ouvrière de l’association les « Vents d’Houyet », entame une démonstration passionnée. Remplies chacune à raison de 260 euros, trois mille tirelires permettraient de décrocher le gros lot. Soit, de faire souffler à Vaux-sur-Sûre, en Luxembourg, un champ de cinq éoliennes. Dont la moitié serait financée par souscription publique…

Bigre, bâtir « deux éoliennes et demie » avec moins de 800.000 euros ! Les « Vents d’Houyet » peuvent-ils transformer le vent en or ? Affirmatif, répond Bernard Delville. « Un projet peut démarrer avec 10 % des fonds. Le reste est financé par l’emprunt. » Buvant la parole du maître du vent, des représentants d’une vingtaine de communes wallonnes écoutent religieusement la leçon.

« Il s’agit d’une question de citoyenneté, expose Bernard Delville. Les communes et les citoyens doivent s’approprier les énergies renouvelables pour les développer au bénéfice des habitants. Sinon, la Wallonie sera à la merci de grands intérêts industriels… »

Insensé ? À Houyet, la preuve a déjà été administrée que l’éolien citoyen est réalisable. Trois moulins ont été mis en service dans l’entité, dont un a été financé par… deux mille parts de 100 euros payées par des enfants. Fort de l’expérience acquise et d’un nouveau projet à Mesnil-Saint-Blaise, les « Vents d’Houyet » souhaitent enraciner ces ailes de géant hors du périmètre communal. Beauraing, Ciney, Houffalize… Autant de localités où de petits champs éoliens sont en gestation. Instrument clef pour développer ces projets en partenariat avec les communes, la société coopérative « Emissions zéro ! » entend capitaliser les intérêts locaux (1). Depuis son lancement, fin 2007, quelque 100.000 euros ont déjà été récoltés et 1.500 intentions de participation enregistrées.

Chaque éolienne rapporte

50.000 euros par an

« Grâce à ce système, le prix de l’électricité reste sous contrôle, poursuit Bernard Delville. Propriétaires, les coopérateurs deviennent des consommateurs privilégiés du courant produit par leur propre éolienne. L’investissement étant connu et le vent gratuit, leur impact sur le prix du courant est non spéculatif… »

A l’écran, un chiffre fait scintiller les yeux des mandataires communaux présents : chaque éolienne peut rapporter, grâce au système des certificats verts, quelque 50.000 euros par an à la commune. Et chaque part citoyenne de 260 euros donnera droit à 6 % de dividendes plus un chèque électricité calculé selon la production annuelle…

Echevine de l’énergie à Nivelles, en Brabant wallon, Valérie Debue (MR) abonde : « Cette dynamique est intéressante pour contrer certaines oppositions locales, note-t-elle. On ne résoudra pas le problème si on ne passe pas par des projets mobilisateurs pour les habitants. Si les communes s’organisent, cela signifie qu’elles vont reprendre en main une part de leur destin énergétique. »

Citoyen de Messancy, Benoît Thierry promet de porter cette bonne parole auprès de ses représentants : « Il y a un gros projet dans ma commune. J’aurais souhaité qu’un projet citoyen puisse s’y développer. Mais c’est mal parti, car on laisse la place aux gros développeurs… »

S’organiser, fédérer, s’associer pour faire fleurir en Wallonie des microprojets éoliens : l’idée est lancée. « La région Wallonne a développé des contrats de rivière. Elle doit songer à mettre en œuvre des contrats de vent ! »

(1) Émission Zéro !, 1, rue du Monument,

5560 Mesnil-Eglise, tél. : 082.68.96.76

www.vents-houyet.be