L'éolien doit profiter d'abord aux citoyens, selon BernardDelville , de l'ASBL Vents d'Houyet qui étudie un projet à Gouvy et Houffalize.
Bernard Delville, vous êtes le responsable de l'ASBL Vents d'Houyet. Vous projetez un parc de six éoliennes sur Gouvy-Houffalize et vous parlez d'une éventuelle participation citoyenne?
Pas éventuelle! Concrète. Notre propos, c'est l'économie solidaire, participative. Le vent, c'est le pétrole des citoyens. À eux de l'exploiter.
Les grands promoteurs éoliens, eux, ne partagent pas. Ce sont des financiers qui ne voient que leur profit.
Le risque, c'est que demain nos éoliennes deviennent russes ou chinoises. Avec cette vision de l'économie, on va dans le mur
Vents d'Houyet n'est donc pas un promoteur comme les autres?
Notre approche est radicalement différente. L'ASBL propose une formule mixte: un tiers de l'invest réservé aux communes, un second tiers aux citoyens et le dernier aux privés qui prennent le risque d'étudier l'implantation.
On vous sent très «frileux» à l'approche des autres promoteurs perçus selon vous comme des profiteurs. Vous menez un combat?
David contre Goliath. Il y a de l'argent et du pouvoir en jeu. Demain, l'octroi des permis d'environnement devra tenir compte des autochtones.
Il est temps de réagir et de ne pas être considérés comme des sous-développés à qui on veut spolier leur richesse.
Moi, je suis formel: pas d'éolien sans retombées locales significatives.
Nous irons en recours contre tous les projets privés qui ne proposent pas de compensations pour les riverains.
Vous proposez aux citoyens de devenir propriétaire d'une éolienne. Avec des bénéfices directs. Un rêve?
Regardez ce que se fait dans les pays scandinaves! Vents d'Houyet est partie d'une utopie et de zéro eurocent pour arriver jusqu'à présent à monter trois éoliennes, autant de coopératives citoyennes et des bilans qui font rêver.
Les communes aussi ont une carte à abattre?
Elles doivent s'allier et innover dans des contrats de vent identiques aux contrats de rivières.
Et choisir entre des investisseurs venus d'ailleurs ou des locaux.
Une éolienne de 2MW rapporte entre 80 et 100000€ brut par an avec une mise de fonds minimale à l'extraordinaire.
La commune ne met pas son budget ordinaire en péril! Elle investit pour le futur avec des fonds publics.
Des chiffres?
Nos chiffres sont directement accessibles aux coopérateurs. Les autres promoteurs n'ont pas la même transparence.
Une éolienne coûte 3millions d'euros. Combien de citoyens pour créer une coopérative?
Il faut un minimum de 500 familles prenant chacune une part de 260€, soit 130000€ pour une éolienne de 2MW produisant du courant pour 1200 ménages.
C'est suffisant. Si on ne rassemble pas la somme voulue, on refait le tour des souscripteurs pour proposer l'achat de plusieurs parts.
Et si ça ne suffit pas, on a une liste d'attente de coopérateurs extérieurs qui n'attendent qu'à investir car il n'y a pas chez eux de potentiel pour un parc éolien.
Mais notre idée de départ, c'est de donner la priorité aux locaux.
260€ pour une part! À combien évaluez le dividende de retour?
Les parts de 260€ donnent
un dividende de 6% assimilable à une ristourne sur une facture d'électricité.
Tous les profits supplémentaires sont distribués chaque année en avantages «Électricité» ou pour soutenir des projets décidés par l'assemblée des coopérateurs.
Concrètement, on propose à chacun de verser sa part sur le compte de la coopérative de Vents d'Houyet.
Pour les communes, les revenus devront être consacrés à des projets d'économies d'énergie à l'échelon local.
D'aucuns disent que faire croire à des bénéfices directs dans une telle opération, c'est jouer avec les sentiments des gens?
On ne parle pas de sentiment mais d'argent. En fin de compte, on propose à chacun d'investir dans un gisement de pétrole vert. Nous, on a offert une éolienne à 850 enfants.
Où est la manipulation?
Interview: Olivier LAMBERT actu 24
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